Entre mystère feutré et tendresse automnale, Le Secret du Bookshop de Sanda Bouabdellah nous plonge dans une histoire pleine d’émotions, où les livres deviennent des refuges pour l’âme.
Le Secret du Bookshop de Sanda Bouabdellah
Il y a des livres que l’on ouvre comme on pousse la porte d’un refuge familier. Des romans qui sentent bon la poussière des pages oubliées, le bois ciré des étagères et la lumière cosy d’une soirée d’octobre. Le Secret du Bookshop, appartient à cette famille-là. C’est une lecture qui se fait dans le calme d’une maison endormie où seul le crépitement de la pluie est toléré, une boisson chaude à la main, le cœur emplit de curiosité.
Derrière sa couverture automnale se cache un récit initiatique, enveloppé d’un mystère feutré : celui de Lahna, 17 ans, qui pense avoir trouvé un simple job saisonnier au sein de la librairie Alma. Un bookshop comme les autres, à ceci près que sa patronne, Mme S., surnommée « Chauve-Souris », est connue pour être aussi chaleureuse qu’un bac à glaçons. C’est là-bas, entre les rayons silencieux où plane l’ombre de la libraire, que l’héroïne découvrira un secret enfoui quelque part sous ses pieds… dans une cave interdite où il lui est défendu d’entrer.
Un bookshop comme personnage à part entière
Dans ce roman, les lieux respirent. Ils ont une mémoire, une âme. La maison d’architecte où Lahna vit seule avec son père, vibre des souvenirs d’une famille unie. Mais aussi et surtout la librairie, qui va devenir un cocon, un havre de paix pour la jeune fille en plein deuil, attristée par le déménagement de sa meilleure amie. Au milieu des rayons débordant de livres, Lahna va en apprendre plus sur elle-même, découvrir une vérité endormie et relever des défis dont elle ne se serait jamais crue capable.
Le bookshop Alma invite le lecteur à se promener parmi ses rayons, accompagné par la présence inquiétante de Mme S, le bruit des pages qui se tournent, la bonne odeur du thé à la bergamote, le tout dans une lumière tamisée qui préserve un secret insoupçonné.
Une héroïne hypersensible
Lahna est un personnage à la fois fort et vulnérable, auquel le lecteur peut facilement s’identifier. En pleine adolescence, elle porte le poids de la perte de sa mère, mais aussi le vide laissé par son amie partie vivre en Égypte. Hypersensible, sujette aux migraines, elle espère tromper sa solitude en travaillant aux côtés de Mme S, suite à une idée brillante de sa meilleure amie qui se sent coupable de l’abandonner. Mais elle est loin de s’imaginer à quel point cette expérience va bouleverser sa vie.
Lahna va avancer avec maladresse, dévouement et courage, tâtonner dans l’obscurité, et découvrir qu’en cherchant à percer le secret des autres, entre silences et révélations, on soigne aussi le sien. Le mystère s’installe crescendo, comme la brume d’un matin d’automne qui s’épaissit petit à petit.
Une ode à la résilience et à l’amitié
Si Le Secret du Bookshop est bien un roman auréolé de mystère, il rend surtout hommage à la reconstruction. Le secret dissimulé dans la cave devient le miroir de ces vérités que l’on tente d’oublier pour ne pas souffrir. Le roman explore avec pudeur la manière dont la perte transforme un être humain, et comment les livres, eux, peuvent recoudre ce qui a été déchiré. Chez Lahna, chaque pas vers le passé devient une clef pour mieux comprendre le présent. Chaque découverte dans la librairie résonne comme un battement de cœur retrouvé.
Tout au long du livre, les dialogues ont la douceur feutrée des confidences. Les descriptions, la lenteur d’un souvenir, l’ombre du deuil, mais aussi la lumière qui filtre à travers lui : celle de l’amitié et de l’entraide. C’est une lecture qui tient en haleine mais qui réconforte à la fois. Un peu comme un roman posé sur sa table de chevet, que l’on a hâte de retrouver au moment du coucher.
La lecture d’automne par excellence
Difficile d’imaginer meilleur livre pour cette saison. Il y a dans Le Secret du Bookshop tout ce que l’on aime à cette période de l’année : le craquement des feuilles sous les pas, le parfum du chocolat chaud et du banana bread, la lumière qui décline plus tôt, l’envie de s’enrouler dans un plaid tout doux au coin du feu.
Cet ouvrage nous rappelle que les secrets ne sont pas toujours des pièges : parfois, ils sont les passerelles qui nous ramènent vers nous-mêmes. Et il nous invite, en filigrane, à pousser la porte des librairies de notre quartier, à redécouvrir ces lieux qui sentent bon l’encre et le papier jauni.
On le recommande à qui ?
Pour les adolescents à partir de 13 ans, mais aussi pour les adultes qui aiment les romans d’atmosphère, ceux qui mêlent mystère et émotion, sans ennui. C’est une lecture à offrir, à partager et à prêter à ses proches sans modération… Particulièrement aux fans de livres cosy, qui réchauffent le cœur autant qu’ils captivent l’esprit.
Un mot sur l’autrice
Sanda Bouabdellah, autrice franco-algérienne, journaliste de métier, continue d’explorer l’intime, pour offrir des livres enrichissants à la jeunesse. Comme dans son premier roman paru en 2024, Deux Petits Carnets bleus, ses histoires traitent souvent de sororité, d’amitié, de l’importance du pardon et de renaissance. Avec Le Secret du Bookshop, elle signe son second roman young adult sur la résilience, l’amour des mots et la beauté d’une main tendue quand tout vacille. Un récit safe pour les ados musulmans mais pas seulement, qui véhicule de belles valeurs.
Avis de Jannah, 14 ans :
« Je l’ai lu d’une traite, et en refermant le livre, j’ai gardé longtemps en moi le parfum de cette librairie. Le Secret du Bookshop est une histoire qui mélange l’amour des livres, l’amitié, les secrets à décrypter et les rencontres qui changent tout. J’ai tout aimé du début à la fin, surtout la découverte du secret auquel je ne m’attendais pas.
Ce roman est rempli de douceur, très bienveillant, et en même temps on ne s’ennuie pas une minute. Il m’a donné envie de lire et d’écrire à mon tour… et de l’offrir à ma meilleure amie ! »
Le Secret du Bookshop nous rappelle que certains livres ne se contentent pas d’être lus : ils nous guérissent, nous apaisent et rallument cette flamme intérieure qui vacille parfois. Un roman à offrir ou à s’offrir, pour un automne tout en douceur.
Prochainement retrouvez toute l’actualité du Kitab Kids Club, une communauté dédiée à faire aimer la lecture à nos enfants et adolescents, où nous partageons les livres des autrices musulmanes.